19 févr. 2011

Restaurant Aloha - Saint-Jérôme

Depuis quelques semaines, je fais un trip «tiki». Tiki comme dans Jardin Tiki, le restaurant kitch de Montréal où je suis allé une fois, «pour rire», il y a très longtemps.

Avec sa décoration tropicale extravagante, ses statues polynésiennes, ses tiges de bambous ses chaises en rotin, son buffet chinois douteux et ses cocktails exotiques, le Jardin Tiki est une relique d’une mode qui a connu une extraordinaire popularité en Amérique du Nord dans les années 40, 50, 60 et 70. Des restos et des bars tiki, il y en avait partout.

Pourquoi ça m’intéresse? Le déclic s’est produit quand j’ai découvert que toute la patente a été inventé de toutes pièces par deux restaurateurs californiens, Victor «Trader Vic» Vic Bergeron et Donn Beach, et qu’il n’y a sans doute rien de moins «authentique» au monde. Ces deux gars-là ont ramassé des statues polynésiennes, ajouté de l’hawaïen, décidé de servir du chinois américanisé parce que c’était juste assez exotique et inventé des cocktails à base de rhum même si cet alcool vient des Antilles et non pas des mers du sud.

Ç’a donné l’esthétique tiki. Que quelqu’un d’autre a magnifiquement décrit en disant que c’était du «folklore de nul part en particulier».

Ce qui me plaît là-dedans? Que tout ça soit une création, presque une œuvre de fiction. Que des modernes aient ramassé du folklore et l’aient transformé au lieu de le traiter avec le respect absolu avec lequel on traite ces affaires-là de nos jours.

Le Jardin Tiki est notre plus célèbre monument tiki, mais ce n’est pas le seul. J’en ai visité un autre samedi dernier: le restaurant Aloha à Saint-Jérôme.


Après une journée à faire du ski de fond, entrer dans un resto tout en rotin à l’intérieur, sauf pour un mur en pierre, et où brillent toute une armada de lampes exotiques produit son effet. Je me suis tout de suite senti transporté loin de la neige et du froid.

Comparée à celle du Jardin Tiki, la décoration de l’Aloha est plutôt sobre. J’ai été déçu de ne pas y voir une seule statue tiki. Par contre, on y mange un peu mieux qu’au Jardin Tiki. Entendons-nous: on n’a pas affaire à grand restaurant gastronomique. Mais au moins c’est un vrai restaurant avec un menu à la carte, plutôt qu’un buffet. C’est de la cuisine exotique que je qualifierais de «cabane à sucre» - c’est-à-dire sucré et très familière.

Le plat le plus excitant sur le menu est une assiette d’entrées qu’on réchauffe sur un petit grill Hibachi. Les entrées sont chinoises (egg-roll, ailes de poulet, spare-ribs…) et le grill est japonais, mais c’est un classique de la «cuisine polynésienne».

Ce que le mouvement tiki nous a donné de mieux, ce sont des cocktails. Inventé par Trader Vic, le Mai-Tai est devenu un grand classique. Le Zombie, une création de Donn Beach, est une célébrité mondiale. Et il y a une foule d’autres cocktails tikis aux noms évocateurs: Scorpion, Navy Grog, Doctor Funk, Suffering Bastard, Painkiller…

Malheureusement, le restaurant Aloha n’est le meilleur endroit pour expérimenter toutes ces boissons. Les deux cocktails que j’y ai pris étaient ordinaires. Mais je suis repris une fois chez moi en me préparant moi-même un vrai bon Mai Tai…

15 févr. 2011

À boire dans mon Paradis Artificiel...

Mai Tai
Rhum brun, Grand Marnier, jus de lime, orgeat et sirop de sucre.
Créé en 1944 par Trader Vic Bergeron à son restaurant de San Francisco. Acidulé et sucré en même temps. Parfum d’amande. Le bon goût du rhum en avant-plan.






Zombie
Rhum ambré, rhum brun, rhum 151, pernod, jus de lime, falernum, grenadine, jus de pamplemousse, sirop de sucre à la cannelle, amer Angostura.
Créé en 1934 par Don the Beachcomber à son restaurant d’Hollywood. Une symphonie de saveurs parfaitement orchestrée. Intense, mystérieux, épicé, puissant. Cannelle, gingembre, anis et punch alcoolique.



Scorpion
Rhum ambré, gin, brandy, jus d’orange, jus de lime, orgeat, sirop de sucre.
Le grand classique des cocktails tiki à partager à plusieurs et servis dans un bol. Préparé selon la recette mis au point par Steve Crane à son restaurant de Beverly Hills, le Luau, en 1958.


Hurricane
Rhum brun, jus de citron, sirop de fruit de la passion.
Créé par Pat O’Brian dans les années 40 à son bar de la Nouvelle-Orléans. Toujours très populaire là-bas. Un ouragan de rhum et d’amertume. Servi dans un verre Hurricane du défunt restaurant Hard Rock Cafe de Montréal.






Saturn
Gin, falernum, sirop de fruit de la passion, orgeat, jus de citron.

Créé par Pop Galsini en 1967. Une rareté: un cocktail tiki à base de gin. Subtil et léger, deux mots qu’on n’accole pas souvent aux cocktails tiki. Ni très acidué, ni très sucré. Tonique et floral.




Jungle Bird

Rhum brun, Campari, jus d’ananas, jus de lime et sirop de sucre.
Créé en 1978 à l’Aviary Bar du Hilton de Kuala Lumpur en Malaisie. L’amertume du Campari matinée par la douceur du jus d’ananas. Quand même, il faut aimer l’amer parce que c’est le Campari qui domine ce cocktail.





Ray's Mistake
Rhum blanc, gin, rhum brun, jus de lime, sirop de fruit de la passion, orgeat, club soda.

Un cocktail servi uniquement dans un bar de Los Angeles, le Tiki Ti. Un cocktail allongé au club soda qui est plus léger et rafraîchissant que la plupart des cocktails tiki. 






Chartreuse Swizzle
Chartreuse, jus d’ananas, jus de lime, falernum.
En solo, la Chartreuse, c’est affreux. Mais dans ce cocktail-là, la liqueur des moines Chartreux devient divine. Un cocktail tonique qui donne l’impression de nous nettoyer le système. C’est sûrement juste une impression.